Cap-Haïtien en Danger : Un Tremblement de Terre en Attente et des Dirigeants Manfouben

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Cap-Haïtien est aujourd’hui un carrefour essentiel pour l’économie, la culture et le tourisme en Haïti. La ville attire l’attention des organisateurs d’événements, des investisseurs et des membres de la diaspora haïtienne, qui y voient le lieu idéal pour leurs événements sociaux et culturels tels que les bals, les festivals, le diner en blanc, etc. Cependant, la cité christophienne continue de dormir tranquillement sur une poudrière sismique, couplée à une forte densité démographique et à des infrastructures inadaptées.

 

Cette ville est située dans une région jalonnée de catastrophes naturelles. Au cours de cette année, la région a été secouée 2176 fois par des séismes de magnitude 5 environ (Volcanodiscovery.com). Cette fréquence accrue de tremblements de terre, bien que de moindre intensité, ne fait que rappeler la source majeure de préoccupation sismique : le déplacement à une vitesse de 12 mm/an de la faille Septentrionale. La faille traverse la côte nord tout entière de l’ile, depuis mole Saint-Nicolas qui tend vers le canal de la Tortue proche de Cap haïtien pour aboutit près de la vallée de Cibao en République Dominicaine.

 

Claude Prépetit et d’autres experts affirment que l’énergie de déformation élastique dissipée par cette faille très active peut causer un éventuel séisme de magnitude entre 7.7 et 8.0 (Ali et al., 2008). Étant donné que la faille se trouve en mer, un tsunami pourrait suivre la catastrophe sismique, avec des vagues pouvant atteindre 3 à 4 mètres de hauteur, seulement 15 minutes après le tremblement de terre (https://bonnewshaiti.com, 2021).

 

La géologie variée de la région, avec ses reliefs et compositions diverses, peut intensifier les effets sismiques dans certains secteurs, accroissant ainsi les dangers locaux tels que les mouvements de terrain comme les glissements et les chutes de blocs, particulièrement dans les zones de Dèyè Kolè ak Kay Tchotcho, Dèyè Lise, Labori et la liquéfaction du sol dans les zones de nan Pon, nan Ranblè, nan Konasa ak nan Site yo ect.

 

Bien que les risques cités ci-haut soient bien documentés par des experts nationaux et internationaux, les autorités locales et nationales s’en foutent royalement de la sécurité physique et du bien-être des capois (es) ainsi que les potentiels touristes. L’adoption de normes de construction standards, la création d’un plan de contingence et de plans d’urgence efficaces et l’éducation efficiente des citoyens sur ces risques restent et demeurent de simples expressions pour nos dirigeants.

 

Les recherches de Berti et al. (2015) indiquent que les normes en vigueur du CNBH2012, ne correspondent pas aux réalités spécifiques de Cap-Haïtien. Elles sont en décalage avec les réalités sismiques de celle-ci. Les spectres de réponse sismique utilisés dans ce code sous-estiment les forces auxquelles les structures pourraient être soumises lors d’un tremblement de terre.

 

Compte tenu de la sismicité particulière et de l’histoire sismique de la région, ainsi que des types de constructions prédominants, il devient primordial que la zone élabore et adopte son propre code de construction qui reflète ses réalités sismiques spécifiques. Ce code doit non seulement respecter les normes internationales, mais aussi s’adapter aux caractéristiques uniques déterminées par les études de microzonage sismique (Miyamoto et al., 2019).

 

Parallèlement, il est crucial que les responsables actuels soient tenus pour responsables de la mise en œuvre effective de ces mesures. Cela pourrait nécessiter des actions légales pour assurer que les décideurs, les urbanistes et les constructeurs adhèrent aux normes de sécurité sismique et mettent en œuvre les plans d’urgence de manière adéquate. L’assignation en justice des responsables peut s’avérer nécessaire pour garantir l’adoption de pratiques de construction sûres et la mise en application rigoureuse des plans de prévention et de réponse aux dégâts liés par les séismes.

 

En conclusion, Cap-Haïtien se trouve à un point critique sur le plan de gestion des risques sismiques. Face à sa proximité avec la Faille Septentrionale, aux aléas topographiques et géologiques spécifiques, et à une histoire jalonnée de séismes, la ville requiert une approche proactive et adaptée pour renforcer sa sécurité et sa résilience. La mise en œuvre d’un code de construction localisé, qui tient compte des réalités sismiques uniques de Cap-Haïtien, ainsi que l’élaboration d’un plan d’évacuation détaillé, sont des mesures indispensables. Ces actions doivent être soutenues par une responsabilisation des autorités et une sensibilisation continue de la population pour inculquer aux habitants des comportements sécuritaires à adoptés aux moments du passage des séismes. Par ailleurs, seule une stratégie intégrée, associant prévention, préparation, et éducation, permettra de protéger efficacement Cap-Haïtien et ses habitants face aux risques sismiques.

 

 

Calvens Joseph, ing, M.Ing

 

 

Bibliographies

AN IBC APPROACH FOR SEISMIC MICROZONING AT CAP- HAÏTIEN (HAÏTI),  Didier BERTIL1, Agathe ROULLÉ1, Gildas NOURY1, Claude PREPETIT2,3, Ronaldine GILLES2, Rochenel SYLVAIN2 and Julio JEAN-PHILIPPE

Microzonages sismiques en Haïti : Comparaison des spectres de réponses pécifiques et des spectres forfaitaires du code IBC, Didier Bertil, Agathe Roullé, Noury Gildas, Jaime Abad

Seismic risk assessment for Northern Haiti based on geotechnical investigation and building typologies,  Amir SJ Gilani  H. Kit Miyamoto , Michael Kalinski,

https://www.volcanodiscovery.com/fr/region/53835/seismes/nord.html

https://bonnewshaiti.com/179-ans-apres-cap-haitien-est-toujours-sous-la-menace-dun-seisme-selon-ling-claude-prepetit-juno7/

https://www.lapresse.ca/international/caraibes/2021-02-22/la-presse-en-haiti/catastrophe-ecologique-en-zones-cotieres.php

https://lenouvelliste.com/article/231302/cap-haitien-du-seisme-au-tsunami-une-catastrophe-imminente

https://lenouvelliste.com/article/231302/cap-haitien-du-seisme-au-tsunami-une-catastrophe-imminente